Notes sur une exposition de Vincent Bioulès
Vincent Bioulès
« La Fenêtre à la mappemonde » 1979-1980 sera pour nous « Le mois d’août » 1995… Ce tableau est lié dans ma lecture à « La Cours de Ribenne» (1968-2015)
Sur l’allège, il y a l’appui de fenêtre, et devant, un bout de table où sont déposés des objets : carnet, bouquet de fleurs, enveloppe, et la structure vide, apparemment métallique d’un globe (terrestre a priori). Le titre du tableau indique une mappemonde mais avec quelle délimitation ?… Une petite bouteille d’encre, ou boîte de ruban adhésif… Je ne peux distinguer. Par la baie, un jardin, un bout de toiture, le ciel et des nuages dont le peintre dit, lors qu’il évoque leur représentation dans un autre tableau plus tardif, qu’il ne perçoit « pas de différences entre ce qui est solide et aérien »*.
Il y a l’évocation dans l’huile de sa nostalgie. Le plaisir et la mélancolie tissent leur ambivalence et leur rapport qui se noue, soulignant des battues d’habillages par un croisement axiologique, l’équivalence relâchée du petit bois, écartelant sur chaque battant de la fenêtre, avec les crémones à l’ancienne, différentes dispositions, où se diluent les reflets des pays, de l’environnement d’où ont peut-être été prélevées les fleurs. Des vitrages au clair de la lumière du mois d’août, à bâton ininterrompu, s’ouvrent et se referment, renvoient là où les lumières et couleurs vives survivent.
Mais le peintre, et celui ou celle qui regarde est à l’intérieur de la maison. À l’intérieur de l’intérieur. Les détails graphiques sériés qui caractérisent des surfaces sont volontairement irréalistes, dans un style bande dessinée, d’une certaine manière incorrects et standardisés, créant leurs codes de compréhension et de reconnaissance (hachures, points réalisés de façon similaires comme on le ferait dans l’apprentissage de l’écriture manuelle sur les cahiers…). La maladresse, la reconstitution imparfaite parfois de facture dite naïve par les spécialistes de l’art n’est plus si hasardeuse et inexacte qu’il y paraît dans la fixation des lignes secondaires, souvent sombres d’apparence, tels des extrêmes fixant les limites, et des surfaces aux couleurs nuancées, par d’autres empreintes, et traces pour en signifier la spécificité : stries de bois, de terre. Afin qu’on les reconnaisse, elles ont leur propre alphabet. L‘ébrasement que l’on distingue difficilement semble double par sa zone sombre, saillante par rapport à son jaune, est encadré ici de l’ombre murale encore plus mystérieuse qui ne se dit. La profondeur de la perspective n’étant que peu précisée à cause de différentes possibilités d’architecture (distinction plafond / embrasure)… Il en ressort que la lecture des paysages est un croisement d’expériences biographiques et de partage.
Pour conclure ces trois citations de l’artiste :
« On peut détruire les paysages mais on ne peut détruire la lumière.
Des choses banales peuvent être sublimées par la lumière.
Un paysage est un agencement complet de sensations que le peintre perçoit. »*
Note* : « Vincent Bioulès, la nostalgie du paysage » Un film documentaire de 52 mn de Guy Lochard, réalisation Olivier Guérin 1001 Productions et le soutien du Musée Fabre de Montpellier. URL : https://www.youtube.com/watch?v=2_ihQphCKCY. évoquant un autre tableau où figurent des nuages présenté dans le hall de l’exposition (« Le Pic Saint Loup », 2019).
https://eritoselen.wordpress.com/2019/08/05/vincent-bioules-jusquau-6-octobre-2019-au-musee-fabre-de-montpellier/
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